Si elle rêve du moment où elle pourra enfin prendre un peu de repos, Emmanuelle Duval n’en prend pas moins le temps de revenir sur son mandat à la tête des avocats lexoviens. 2 années placées sous le signe du bouleversement mais aussi de projets destinés à faire avancer son barreau « dans le bon sens ». Portrait.

©Lexo Avocats

Entre Emmanuelle Duval et le droit, l’histoire ne date pas d’hier. Alors qu’elle était encore sur les bancs de l’école primaire, une visite au palais de justice de Lisieux, dont elle est native, a créé la première étincelle. « À ce moment-là s’est ouvert pour moi un monde inconnu, où des robes noires défilaient et où je croisais des personnes un peu désarçonnées face aux questions qui leur étaient posées », se souvient-elle. Dès lors, l’envie de leur venir elle aussi en aide commence à germer. Le véritable déclic viendra quelques années plus tard, au moment d’aider un proche en proie à des difficultés sociales et commerciales. En l’aidant « à sa manière » à démêler l’écheveau d’un système juridique pour le moins complexe, l’actuelle bâtonnière de Lisieux le sait : elle sera avocate.


Élargir son horizon.
 Après une double maîtrise en droit privé général et en carrières judiciaires à Caen, Emmanuelle Duval débute sa carrière en 1992 au sein d’un cabinet dédié au droit de la construction, en tant que collaboratrice. 10 ans plus tard, elle s’associe avec un confrère et commence à développer, outre le droit de la construction et de la famille, une clientèle en droit de la copropriété. « J’avais fait la rencontre d’une syndic qui s’installait et cherchait une avocate. C’est ainsi que le droit de la copropriété s’est ouvert à moi », sourit-elle. En 2017, elle crée à Lisieux la SARL Lexo Avocats ; depuis le 1er juin 2021, outre trois collaborateurs, une associée l’a rejointe en la personne de Vanessa Maréchal.

Depuis ses débuts à Lisieux, Emmanuelle Duval dit avoir assisté à l’évolution d’un barreau de 40 avocats qui ne cesse de rajeunir et de s’ouvrir aux autres. « Il y a encore peu de temps, il y avait beaucoup de rivalités entre cabinets », souligne-t-elle. « Cela tend à s’amenuir, et les plus jeunes recherchent l’appui des plus « anciens ». Par ailleurs, nous avons, entre Lisieux, Deauville et les villages plus ruraux, des avocats aux profils et à la clientèle très variés. » Pour avoir un poste d’observation privilégié, l’avocate de 54 ans n’a ainsi pas hésité à se présenter au conseil de l’ordre. Contrairement au bâtonnat, vers lequel elle s’est plutôt dirigée à reculons… « Lorsque le bâtonnier en exercice, Noël Prado, me l’a proposé, j’ai longuement réfléchi car mon cabinet était encore jeune et que cela demande beaucoup d’investissement », souffle-t-elle. « J’ai finalement accepté de me présenter car mes proches m’incitaient à le faire, et que je souhaitais rendre au barreau ce qu’il m’avait apporté. »

Gérer l’extraordinaire. Aux côtés de Noël Prado, aujourd’hui vice-bâtonnier, Emmanuelle Duval a reçu dès janvier 2020 un véritable baptême du feu. « Dans le cadre de la réforme des retraites, nous avions des assemblées générales tous les lundis matins jusqu’en mars. Puis est arrivée la crise sanitaire. À partir de ce moment-là, après avoir connu la solidarité inter-barreaux, nous nous sommes retrouvés très isolés. » Son quotidien a alors consisté à assurer la poursuite de l’activité et à tenir informés ses confrères au jour le jour des différentes évolutions locales et nationales. « On a véritablement géré quelque chose d’extraordinaire au sens premier du terme » affirme-t-elle. Une fois les contraintes sanitaires levées, le déménagement du TGI de la Cour Matignon vers une cité judiciaire a pris le relais. Depuis la fin de l’année dernière, la bâtonnière a toutefois pu se consacrer à quelques projets, parmi lesquels la réintégration du Centre départemental de l’accès au droit (CDAD). « Le conseil de l’ordre avait décidé de ne plus en faire partie en 2019. Or, notre barreau s’inscrit dans le cadre d’une justice de proximité, avec une clientèle plutôt rurale en dehors des propriétaires du bord de mer. Il me semblait donc important de pouvoir se réinscrire dans de l’aide au droit », indique l’avocate. Autres missions accomplies : la désignation des avocats pour assister les mineurs dans le cadre des auditions libres, la création de commission diverses, ainsi qu’un travail mené avec la cour d’appel de Caen pour mettre en place des conventions de bonne conduite entre avocats et magistrats. « Être bâtonnier, cela demande beaucoup d’engagement et c’est épuisant à tous points de vue, mais c’est aussi beaucoup d’ouverture aux autres et de rencontres », résume Emmanuelle Duval. Laquelle compte bien, après son mandat, continuer notamment à s’investir pour son barreau et pour la Conférence des bâtonniers de Normandie. Mais pour l’heure, place au repos. « La lecture, les voyages, passer du temps avec ma famille… Tout ça me manque », glisse-t-elle. S’éloigner pour mieux revenir, en somme.

Chloé Enkaoua

 

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